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Rencontre avec  

La colonisation

Alexandre de Rhodes

Dès le XVIème siècle les Européens sont entrés en contact suivi avec les pays de l’Asie du Sud-Est : d’abord des marchands portugais et hollandais à la recherche des épices et autres richesses exotiques, suivis de près par des missionnaires, des Portugais là aussi, puis des Français. Ces missionnaires ont joué un rôle important sur le long terme. Leur présence quasi ininterrompue depuis cette époque a en effet permis la constitution d’une grande communauté catholique vietnamienne. L’un de leurs apports les plus notables fut la latinisation de la langue écrite vietnamienne (le quôc ngu), mis au point à des fins d’évangélisation, en particulier par le père jésuite Alexandre de Rhodes (XVIIème siècle), et qui a fini par s’imposer au XXème siècle, remplaçant la transcription en caractères chinois (le nôm).

La colonie de Cochinchine

La raison invoquée de l'intervention de la France, sous Napoléon III à la fin des années 1850, fut la protection des catholiques contre les persécutions dont ils étaient alors l’objet de la part des empereurs du Viêt-Nam, persécutions dirigées non contre la religion, mais contre un groupe politique étranger, dangereux pour la sécurité́ de l’Etat. Les autres objectifs poursuivis, moins ouvertement avoués mais sans doute aussi déterminants, étaient de se construire, selon une formule de l’époque, « un balcon sur le Pacifique », en empêchant les grands rivaux anglais de s’y installer, d’assurer par là le rayonnement de la France dans la région et de s’ouvrir par le Sud une voie d’accès à la Chine considérée comme un immense marché potentiel. Installés d’abord en 1859 à Saigon, petit port de pêche qui devint très vite la tête de pont de l’implantation coloniale, les Français vont se rendre maîtres en quelques années des provinces du delta du Mékong. L’ensemble de ce qui deviendra la colonie de Cochinchine (les provinces du Sud Viêt-Nam) est occupé en 1867.

 



Alexandre de Rhodes et son dictionnaire

La campagne du Tonkin © Chocolaterie D’Aiguebelle

Protectorats français

En cette première période « héroïque » de la colonisation, le «gouvernement des amiraux » basé à Saigon va étendre sa domination à l’ensemble des pays indochinois, par une série de coups de mains, d’escarmouches, de batailles et de traités avec les autorités en place, en profitant de leurs faiblesses et de leurs dissensions. En 1863 le Cambodge est placé sous protectorat français  pour le sauver du Siam (aujourd’hui la Thaïlande) qui voulait l’annexer. Puis, après les campagnes du Tonkin, le protectorat est établi en 1884 sur le nord et le centre Viêt-Nam, qui deviennent le Tonkin (capitale Hanoi) et l’Annam (capitale Huê). L’Union Indochinoise, désormais sous administration civile et avec un plus grand contrôle de la métropole, est créée en 1887. Le Laos y est rattaché en 1893 après l’expédition pacifique d’Auguste Pavie, remontant le cours du Mékong en espérant trouver une voie fluviale de communication jusqu’à la Chine. En 1898, le gouvernement chinois concède à la France le Kouang-Tcheou-Wan, territoire cédé à bail pour 99 ans.

 

LA COLONISATION DE L'INDOCHINE

Rencontre avec Alain RUSCIO, historien


Les étapes de la colonisation

 

LE SENTIMENT NATIONAL VIETNAMIEN

Rencontre avec Alain RUSCIO, historien

 

 


Le développement colonial

À ce moment, la résistance vietnamienne à la colonisation est pratiquement vaincue, l’oeuvre de « pacification » peut être considérée comme achevée. L’époque héroïque prend définitivement fin avec Paul Doumer, gouverneur général de 1897 à 1902, qui fait passer le régime colonial du stade « artisanal » au stade de l’organisation systématique. C’est dans ces années que nait vraiment l’Indochine française, avec un système centralisé, des corps de fonctionnaires recrutés par concours, un développement économique avec des grands travaux publics, équipement des ports, construction de routes, de ponts, de chemins de fer, etc. , favorisant l’extension des plantations (notamment d’hévéas pour le caoutchouc), des industries (dont les charbonnages du Tonkin) et du commerce, mise en oeuvre d’une politique sanitaire, création d’écoles, de lycées, de l’université́ de Hanoi et d’établissements scientifiques (dont en particulier l’Ecole française d’Extrême-Orient).

Et c’est dans ce cadre que va s’épanouir pendant près de cinquante ans la situation coloniale, malgré le fort ébranlement des années 1930 marquées par la crise économique et le réveil du nationalisme au Vietnam, la création du parti communiste indochinois, la montée de nouvelles forces sociales engendrant grèves, manifestations paysannes et insurrections.Tous ces mouvements étaient militairement et policièrement réprimés selon les méthodes colonialistes les plus expéditives, y compris la torture et les camps de détention (dont le plus notoire à Poulo Condor).


La décolonisation

La Seconde Guerre mondiale

La défaite française en 1940 elle-même ne modifie pas fondamentalement cette situation : l’administration se maintient sous l’amiral Decoux, aux ordres du régime de Vichy, malgré́ l’interruption des relations avec la métropole, la présence militaire des Japonais dès septembre 1940 et la collaboration avec l’Empire nippon et surtout après Pearl Harbour (7 décembre 1941). Mais en 1945 les Japonais décident de franchir une étape supplémentaire dans leur mainmise sur l’Indochine.
Par le coup de force du 9 mars la puissance coloniale française est abattue en une nuit. Les troupes françaises sont faites prisonnières, à l’exception de quelques milliers d’hommes qui se replient en Chine. Une partie des civils est enfermée dans des camps.
L ’« indépendance » sous protection japonaise des trois pays de l’Indochine est proclamée. Pour le Vietnam elle le sera de nouveau le 2 septembre 1945 après la défaite du Japon, par le Front pour l’indépendance du Viêt-Nam, autrement dit le Vietminh dirigé par Hô Chi Minh qui a pris le pouvoir à Hanoi.

Le temps des illusions

Dans les années qui suivirent, les Français tentèrent de reconquérir l’Indochine, sans que les gouvernements de l’époque ne veuillent se rendre compte qu’une page avait été définitivement tournée et qu’ils ne pouvaient plus réinstaller le système de domination coloniale, avec tout ce que cela impliquait : exploitation des richesses et de la main d’oeuvre, système de relations profondément inégalitaires faisant des « indigènes » des étrangers dans leur propre pays... Malgré des tentatives d’entente avec Hô Chi Minh (Accords de Fontainebleau), menées par Jean Sainteny avec l’assistance du général Leclerc, mais torpillées par l’amiral Thierry-d’Argenlieu, nommé par de Gaulle, la guerre éclate en novembre 1946 par le bombardement d’Haiphong. Elle va durer plus de sept ans. Les troupes du Corps Expéditionnaire doivent, un peu partout mais surtout au Nord, faire face au Vietminh qui contrôle une partie du territoire et pratique une guérilla efficace. Malgré́ l’appui américain à partir de 1950 et en dépit de quelques succès illusoires, les Français vont aller de reculs en reculs, accompagnés de concessions politiques désormais sans effets : reconnaissance de l’indépendance au sein de l’Union française du Viêt-Nam sous l’autorité́ de l’empereur Bao-Dai. Jusqu’à l’irrémédiable défaite de leur armée à Diên-Biên-Phu devant celle du général Giàp (chute du camp retranché le 7 mai 1954).



La fin de l’Indochine française

Les Accords de Genève de la même année, qui reconnaissent aussi l’indépendance du Cambodge et du Laos, coupent le Viêt-Nam en deux à la hauteur du 17e parallèle, le Nord étant abandonné au Vietminh et le Sud passant sous régime pro-américain. Environ un million de personnes, dont 700 000 catholiques, fuient la zone passée sous contrôle communiste vers le Sud.

Bientôt y recommencera la guerre que perdront cette fois les Américains contre le Front national de libération sud-vietnamien (le Viêt-Cong) et la République démocratique du Viêt-Nam.

Mais les Français alors n’étaient plus dans le coup. La présence et l’influence françaises en ces pays, maintenues encore un certain temps dans l’économie et par des coopérants, enseignants, militaires et divers conseillers, n’ont cessé au fil des ans de régresser, jusqu’à être presque complètement effacées.

Les requis indochinois et la communauté vietnamienne en métropole

Tant qu’a duré la colonisation, les Européens allaient, bienvenus ou pas, s’installer chez les autres, les colonisés, même si, en Indochine, « colonie d’encadrement ou d’exploitation » (et non comme en Algérie « de peuplement »), ils ne furent jamais très nombreux : à peine 30 000 à la veille de la Seconde Guerre Mondiale, pour une population « indigène » de quelque 27 millions.

Avec la fin des colonies le mouvement s’est inversé. Il s’était déjà esquissé au moment de la guerre de 14-18 : pour défendre la patrie menacée on avait en effet fait venir massivement en métropole des sujets d’outre-mer, dont une centaine de milliers d’Annamites (dénomination alors des Vietnamiens), plus ou moins « volontaires », afin de
combattre sur les champs de bataille ou de remplacer à l’arrière la main-d’oeuvre mobilisée. Quelques-uns seulement restèrent et, épousant souvent des Françaises, firent souche, constituant ainsi les embryons d’une « communauté » vietnamienne en métropole. Avec les apports postérieurs d’étudiants et intellectuels demeurés en France après leurs études, cette communauté comptera en 1939 quelque 3 000 personnes.

La guerre recommencée en Europe, on puise à nouveau dans les réserves des colonies. Les Annamites vont se retrouver regroupés dans les camps de prisonniers de guerre des Allemands ou dans les cantonnements pour travailleurs coloniaux du gouvernement de Vichy, maintenus par les gouvernements de la Libération et des débuts de la IVème République. La paix revenue, environ 2000 Vietnamiens resteront en France comme ouvriers, artisans, restaurateurs, commerçants, etc.

Le rapatriement en métropole

En 1954-1955, après le retrait de la France de l’Indochine, ce fut aussi le rapatriement en métropole, des citoyens français : 30 à 35 000, selon les estimations les plus sérieuses, de 1954 à 1965.

Une partie étaient des « Français d’Asie », qui, plutôt que « rapatriés », ont été des expatriés : Eurasiens, Vietnamiens naturalisés, Indiens dits des comptoirs, ainsi que les épouses vietnamiennes (surtout), laotiennes, cambodgiennes, chinoises... de citoyens français et leurs très nombreux enfants. Pour les plus démunis d’entre eux furent créés des centres d’accueil, les deux plus importants étant ceux de Noyant d’Allier et de Sainte-Livrade-sur-Lot. 4 654 personnes y sont, d’après nos comptages, passées de 1955 à 1966.

Diversité de la population asiatique en France

Et puis l’histoire a continué, avec ses tragédies, entrainant en France comme en d’autres pays l’afflux, plus important cette fois, de ressortissants des pays de l’ex-Indochine : Cambodgiens souvent en provenance des camps de refugiés de Thaïlande, rescapés du système totalitaire et de démence criminelle des Khmers Rouges, boat-people vietnamiens fuyant au péril de leur vie le régime communiste installé au Sud Vietnam après la défaite des Américains, Chinois du Cambodge et du Vietnam, Laotiens ...

Même si on en parle assez peu car elle ne fait que rarement parler d’elle, la population asiatique en France, dans sa grande diversité, représente désormais une part relativement importante de la population française et, par héritage colonial, une composante qui n’est pas la moins intéressante à l’heure de la « mondialisation », de la nation française et de son « identité ».

D’après Pierre-Jean Simon, professeur des Universités, dans Ancrage « L’internationale de la poudrerie », 2011.

Au 19ième siècle la France s’est constitué une importante colonie en Asie du Sud-Est : l’Indochine, regroupant le Vietnam, le Laos et le Cambodge. La guerre d’Indochine mit un terme à la colonie et provoqua le rapatriement en métropole de milliers d’autochtones restés proches des Français.
L’implantation du CAFI à Sainte-Livrade-sur-Lot et à Bias doit son origine au projet de création d’une poudrerie dont le chantier, débuté en 1939, fut stoppé en 1940. Les camps d’hébergement construits à cette occasion ont par la suite abrités de nombreux groupes : réfugiés, militaires, prisonniers de guerre. L’un d’eux, le camp du Moulin du Lot, fut ensuite choisi pour accueillir les Français rapatriés d’Indochine en 1956.
Durant près de cinquante ans, le camp du Moulin du Lot, à Sainte-Livrade-sur-Lot, a hébergé plusieurs centaines de Français rapatriés d’Indochine et nombre de leurs descendants. Les habitants du CAFI, le Centre d’Accueil des Français d’Indochine, emprunts du mode de vie et des traditions asiatiques, ont créé une communauté tout à fait particulière au cœur du Lot-et-Garonne tout en sachant s’intégrer avant de se disperser dans la France entière.

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